L’un des objectifs de la loi de Transition Énergétique est de valoriser d’ici 2020 70% des déchets du BTP. Or, dans son étude publiée début juillet, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) pointe un certain nombre de constats freinant le développement du réemploi des matériaux de construction.

BÂTIMENTS ET TRAVAUX PUBLICS : QUELS CONSTATS ?
À la suite de la phase d’investigation (à retrouver en détail sur le rapport complet) de cette étude, l’ADEME a identifié au total 23 freins relatifs au recyclage ou réemploi des produits (14 pour le bâtiment et 9 pour les travaux publics). Ces blocages sont de différents types : économique, juridique, technique, environnemental ou pratique des acteurs. Plusieurs constats ont alors été dégagé de cette liste.
Tout d’abord, le marquage CE pour les produits de réemploi et de déclaration de leurs performances ne parait pas obligatoire selon le Règlement Produit de Construction : cela concerne pourtant la majorité des matériaux et produits réemployables utilisés par les professionnels du bâtiment et des travaux publics.

Ensuite, le deuxième constat concerne le secteur du bâtiment. La moitié des blocages listée par l’étude est liée :

  • Au réemploi de matériaux/produits issus de travaux de dépose comme la démolition, l’entretien ou la réhabilitation
  • Aux risques sanitaires
  • À l’assurabilité (décennale, dommage ouvrage)

De plus, ce point concerne également les surplus de chantier ou les invendus de négoce. Pour ces particularités, les problèmes sont principalement la mise en relation des acteurs et la mise à disposition des matériaux et produits ainsi que de prescription.
Le troisième et dernier constat touche le domaine des travaux publics. Pour celui-ci, une pratique plus développée du réemploi de produits et matériaux est pointée. Le secteur entretient la culture de l’utilisation de matières recyclées : la frontière entre réemploi et recyclage est alors très peu perceptible.

DÉVELOPPEMENT DU RÉEMPLOI : QUELS LEVIERS ?

Les constats de cette étude permettent également de dégager des perspectives distinctes de développement du réemploi pour ces deux secteurs.

Pour le bâtiment, il faudra dans un premier temps encadrer les pratiques de réemploi et rassurer les acteurs sur le maintien de la qualité technique des ouvrages par exemple. Le risque de ne pas mettre en place cet encadrement serait que rien ne change : le réemploi serait pratiqué uniquement lors d’initiatives ponctuelles.
Dans un second temps, l’édition de guide permettant de requalifier des produits de réemploi en fonction de leurs usages aura deux répercussions principales :
Amélioration de la maîtrise des risques de sinistralité
Instauration d’un niveau de confiance plus élevé (garantie décennale facilité pour les entreprises)
Le développement de ces actions devra être suivi de la création de l’offre, la mise en relation des acteurs du réemploi et la création de plateformes d’entreposage ou de distribution pour faciliter la mise à disposition des matériaux et produits.
Le secteur des travaux publics devra fournir un effort moindre : il s’agira essentiellement de sensibiliser les acteurs au réemploi et de leur en indiquer les bonnes pratiques.

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